[417-418]
Marcel : (…) Mon petit Jésus, dans
le ciel, est-ce que nos relations l'un avec l'autre resteront
les mêmes que maintenant ?
Jésus : Oui, petit frère. N'est-ce
pas intéressant ? Au ciel, nous nous aimerons comme maintenant,
nous causerons aussi ensemble comme nous le faisons maintenant,
et nous resterons toujours sur les genoux de Marie [418] comme
maintenant... etc. Cependant il y aura une différence :
nous n’aurons plus besoin de parler le langage de ce monde
; nous ne parlerons que le langage de l'amour qui sera alors compréhensible
pour toi. Nous nous verrons l'un l'autre très clairement.
Tout sera changé, tout sera rayonnant de clarté.
Nous n'aurons plus qu'à demeurer là et à
nous aimer l'un l'autre. Et ce qui viendra accroître encore
notre bonheur, c’est que nous serons assis sur les genoux
de Marie. Quelle joie ! Je ne craindrai plus alors de te voir
triste.
Marcel : Mais, au ciel, est-ce que je pourrai
encore appeler Thérèse du nom de sœur ?
Jésus : Oui, tu seras toujours considéré
comme étant le petit frère de sœur Thérèse
de l'Enfant-Jésus ; sa manière d'agir envers toi
sur terre restera la même au ciel. Cependant, comme je te
l'ai dit plus haut, tu entendras alors parler le langage de l'Amour
et tu seras aimé de l'Amour même. Ce ne sera plus
comme maintenant ; tu n'auras plus à parler le langage
de ce monde. Une fois rendu au ciel, tu comprendras. Et si, en
ce moment, j’employais le langage terrestre pour t'expliquer
ces choses célestes, tu serais incapable de comprendre.
Petit frère, sois content, n'est-ce pas ?
[482-483] Samedi Saint 20 avril 1946
Marcel : Le petit Jésus m’a dit
hier que j’aurais encore à souffrir, mais que toi-même,
ô Mère, tu souffrais encore davantage. Qu’est-ce
que cela veut dire ? Je pensais, moi, que tu n’avais plus
à souffrir.
Marie : Mon enfant, ce qu’a dit le petit
Jésus est très juste. Voici comment : J’ai
deux enfants qui, tous les deux, doivent souffrir ; c’est
pourquoi, la douleur que j’éprouve en te voyant souffrir
est double de la tienne. N’est-ce pas pour cette raison
que les hommes m’appellent la Mère des Douleurs ?
Oui, je suis vraiment la Mère des Douleurs, car tous mes
vrais enfants ont à souffrir ; et si grand que soit le
bonheur que je goûte, quand je vous vois souffrir, vous
mes enfants, je ne puis m’empêcher d’en ressentir
de la douleur, et cela, en qualité de Mère aimante...
Oh ! mon enfant, j’éprouve de la douleur à
te voir souffrir. Ce mot « douleur » est plus fort
que le mot « souffrance », et je suis la seule à
qui il convienne.
[485-486] Vendredi Saint 19 avril 1946
Jésus : Tu dois prier aujourd’hui
pour les prêtres ; il faut te souvenir de ces prêtres
qui se sont égarés loin de l’Amour, et qui
marchent pieds nus dans la boue du péché...
Ô mon petit frère, reste aujourd’hui près
de la croix, embrasse mes pieds et ne cesse de répéter
:
« Ô Jésus je t’aime pour les prêtres
qui ne t’aiment pas. Fais que ton Amour pénètre
librement au plus intime du cœur des prêtres. Fais
que les prêtres fervents soient remplis de zèle pour
ton Amour.»
[558]
Jésus : Petit frère, accepte d’abord
toutes les petites incommodités que je t’envoie et
tu me feras plaisir, plus que par un jeûne qui durerait
mille ans.
[590]
Marie : Mon enfant, écoute-moi d’abord
un peu. Ton âme, elle aussi, est bien une chambre d’habitation
; et dans cette chambre, que de poussière et quel désordre…
C’est moi qui dois balayer et tout mettre en ordre.
[602-603]
Marcel : Mais, petit Jésus, il y a un
instant, pourquoi j'étais si mal à l'aise ? J'ai
adoré le Saint Sacrement pendant une demi-heure seulement,
et j'ai trouvé cela extrêmement long ; je n'avais
envie que de revenir au plus tôt. Je ne comprends pas pourquoi
cela. Par contre, au moment de revenir, je regrettais de ne m'être
pas bien comporté envers toi. Je te prie de m'excuser,
n'est-ce pas ? Pardonne-moi, et permets que mon cœur retourne
avec toi en présence du Saint Sacrement, pour y demeurer
et t'aimer sans cesse.
Jésus : Petit frère, pourquoi te
troubler ? Penses-tu que je ne te comprends plus ? Tu as du faire
un effort pour rester avec moi ; c'est là un sacrifice
plus grand que si tu restais tout le jour agenouillé en
ma présence.
Marcel : Alors, petit Jésus, est-ce que
je t'aime encore ?
Jésus : Pourquoi pas ? Et pourquoi me
poser cette question ? Assez, petit frère, reste en paix.
Je suis toujours content de toi.
Marcel : Petit Jésus, je suis si triste,
que je ne sais plus quoi dire.
Jésus : Tu sais au moins respirer et regarder
; alors, prends tes respirations et tes regards pour me les donner,
n’est-ce pas là me parler ? Aurais-tu peur que je
ne te comprenne pas ? Allons, je te comprends très bien.
[607]
Marcel : J'ai lu ce passage où elle dit
: "La vertu de pauvreté doit non seulement renoncer
à ses aises, mais encore accepter de manquer du nécessaire."
Jésus : Oui, Marcel, et c'est parce que
je voulais te donner une leçon que je t'ai fait tomber
sur ce passage. Si tu veux arriver à renoncer à
tes aises dans la vie spirituelle, tu dois tout donner aux âmes,
et alors tu posséderas le royaume des cieux, comme je te
l'ai dit plus haut.
Mais pourquoi la vertu de pauvreté oblige-t-elle à
manquer même du nécessaire ? Est-ce que tu comprends
cela ? Parce que je veux que tu deviennes humble, je permets souvent
que tu sois privé des joies intérieures... afin
que tu constates ta réelle pauvreté. Cette connaissance
de ta pauvreté t'inspirera de la compassion pour beaucoup
d'autres âmes, et cette compassion pour les âmes te
poussera naturellement à leur faire l'aumône de toutes
tes faveurs spirituelles. C'est cela la vraie pauvreté.
Dans ces moments où tu es privé des faveurs qui
te sont nécessaires, si tu acceptes avec joie cette privation
pour que les autres âmes puissent jouir de ces mêmes
faveurs, c'est là la vraie pauvreté de cœur,
la vraie pauvreté que j'ai moi-même pratiquée...
Cela suffit, petit frère, l'heure est presque passée.
Pour le reste, ta sœur Thérèse te l'a déjà
enseigné. D'ailleurs, ce que je t'ai dit est suffisant,
et même tu l'as déjà mis en pratique. C'est
donc terminé.
Maintenant, il faut que tu ailles souper. Je te donne quelques
baisers pour te faire plaisir. Ensuite, ferme ton cahier, bouche
ton encrier, dépose ta plume et va. Ta page est terminée.
[610-611]
Marcel : [610] Petit Jésus, tu me dis
de tout donner aux âmes ; dans ce cas, qui s'occupera de
mon âme à moi ?
Jésus : Pourquoi te préoccuper,
petit frère ? Tu t'es abandonné à moi, me
laissant le soin de m'occuper de tout. Or, tu sais bien que je
ne manque de rien et que tu obtiens tout ce que tu veux. Par contre,
il y a encore beaucoup d'autres âmes qui ne savent pas s'abandonner
à moi et qui, pour cette raison, restent toujours dans
le besoin. Il faut donc que tu leur fasses l'aumône, afin
qu'elles aient de quoi vivre. Mais qu'est-ce que tu leur donneras
en aumône ? Mes mérites infinis ; ces mérites
infinis que je t'ai donnés volontiers et sans réserve,
et qui sont devenus ta propriété. Alors, possédant
ce trésor infini, tu dois aussi faire l'aumône, pour
nourrir les autres âmes qui ne connaissent pas encore ce
trésor de mes mérites infinis. Tu dois donner aux
âmes pauvres ces mérites infinis, tout comme je les
ai donnés à toi-même. [611] Ces mérites
infinis étant devenus ta propriété, tu as
le pouvoir de t'en servir à volonté pour les distribuer
aux âmes indigentes.
Toutes les âmes qui se sont consacrées à moi
d'une façon particulière, toutes celles qui sont
mes épouses privilégiées, doivent pratiquer
la pauvreté de cette manière. C'est à cette
condition qu'elles entreront en possession du royaume des cieux.
Seules les âmes qui, à mon exemple, possèdent
la vraie pauvreté de cœur, ont droit de se servir
à volonté de mes mérites pour les distribuer
aux âmes...
[635]
Thérèse : Allons petit frère,
il est évident que tu dois haïr le péché,
mais il n’est pas permis de haïr le pécheur.
[640-642]
Marcel : Petit Jésus, il y a un instant,
j'étais bien fâché contre les choristes. Je
venais de laver le plancher avec soin, et voilà qu'ils
l'ont tout sali de nouveau. J'ai dû alors prendre beaucoup
sur moi, mais il m'a échappé une parole dure à
l'égard du Frère Mach. Je pense que cela lui a fait
un peu de peine, car il n'y avait aucune joie [641] dans mes paroles.
Je suis triste de n'avoir pas cueilli cette fleur pour l'offrir
à Marie.
Jésus : Ah ! tu es triste ? Tu ne te rappelles
donc pas que tu es très faible ? Assez, petit frère,
ne t'attriste pas davantage. Si tu étais triste, Marie
le serait sans doute encore davantage, car c'est à cause
d'elle que tu serais dans cet état, pour n'avoir pas su
cueillir une fleur à lui offrir. Offre-lui ta faiblesse
avec joie, et ce sera mieux. Marie sait bien que tu es très
faible, que tu n'as même pas la force de cueillir une fleur
spirituelle. Aussi, elle acceptera ta faiblesse avec plus de joie
qu'elle n'accepterait une belle fleur que tu pourrais lui offrir...
(…)
Marcel : Mais, petit Jésus, j'ai fait
aussi de la peine aux confrères ; quoi faire alors ?
Jésus : Tant mieux, petit frère,
par là les confrères verront davantage que tu n'as
aucune vertu, qu'un rien suffit à te faire perdre patience
; et du même coup tu leur révèles [642] ton
extrême faiblesse. Ainsi, je ne serai pas le seul à
connaître ta faiblesse, même les confrères
la connaîtront aussi. Alors, quelle raison as-tu de te préoccuper
? Du fait que tu reconnais être faible, et que même
les autres te considèrent comme tel, je t'aime doublement.
Ainsi favorisé, que peux-tu vouloir de plus ? Ne t'attriste
pas davantage, n'est-ce pas ? Offre cette faiblesse à Marie,
ou bien laisse-moi la-lui offrir à ta place.
[648-651]
Marcel : Mais, petit Jésus, si les hommes
continuent à pécher de propos délibéré,
qu'arrivera-t-il ? Est-ce que tu leur donneras encore le paradis
?
Jésus : Petit frère, tu ne sais
donc pas que je connais l'extrême faiblesse de l'homme.
Même si les hommes m'offensent délibérément
et aussi gravement que tu puisses le supposer, leur péché
n'est rien, en comparaison d'une ombre de l'Amour...
L'Amour est infini et infini, dis-le bien aux hommes ; oui,
infini et infini. Ayez confiance en moi, et jamais, éternellement
jamais, vous ne serez séparés de moi. Même
le démon doit désespérer d'une âme
en qui se trouve encore le mot "confiance"...
Petit frère, voilà que l'heure est passée.
Ris d'abord un peu avec moi, puis va travailler avec les confrères.
Marcel : Petit Jésus, je viens d'aller
à la douche. Cela m'a beaucoup rafraîchi. Je ne comprends
pas pourquoi [649] je me fatigue si facilement. J'ai plus envie
de boire que de manger.
A propos, petit Jésus, j'ai une plume neuve. Je suis très
content. Maintenant, je peux écrire vite et facilement...
Ah ! il y a une question que je veux te poser depuis longtemps,
mais j'oublie toujours. Le docteur pour qui tu m'as demandé
de prier, est-ce qu'il est sauvé ? Quand je serai au ciel,
je vais lui raconter l'histoire de l'examen médical qu'il
m'a fait chez lui.
Jésus : Petit frère, tu es
vraiment trop minutieux. Pourquoi t'ai-je demandé
de prier pour le docteur ? Cela était suffisant pour que
tu comprennes. Il n'était pas nécessaire de te parler
clairement et en détail de cette affaire.
Après la mort du docteur, je t'ai demandé de prier
pour lui... S'il avait été damné, à
quoi bon te demander de prier ? Petit frère, tu comprends,
sans doute. Plus tard au ciel, on sera certainement très
surpris de voir au rang des saints et des saintes un grand nombre
d'âmes que l'on croyait damnées...
L'Amour aime infiniment, il est infiniment juste. C'est parce
qu'il est infiniment juste, qu'il aime infiniment, et c'est parce
qu'il aime infiniment qu'il est infiniment juste... Il suffit
d'un simple regard de confiance jeté sur moi pour arracher
les âmes pécheresses des griffes du démon.
Même si une âme [650] se trouvait déjà
à la porte de l'enfer, attendant son dernier soupir pour
y tomber, si dans ce dernier soupir il y a le moindre degré
de confiance en mon Amour infini, cela sera encore suffisant pour
que mon Amour attire cette âme dans les bras de la Trinité
; c'est pourquoi je dis qu'il peut être très facile
pour les hommes de monter au ciel, tandis qu'il peut leur être
très difficile et même infiniment difficile de tomber
en enfer ; car jamais l'Amour ne peut souffrir qu'une âme
se perde si facilement.
Cependant, petit frère, ces paroles ne doivent
pas être manifestées à toutes les âmes
indistinctement ; il faut le faire avec prudence, de peur que
certaines âmes, sachant cela, ne s'endurcissent dans le
mal... pour ensuite perdre confiance en moi et n'avoir plus aucune
confiance.
Marcel : Ainsi donc, petit Jésus, je suis
certain que le docteur est sauvé. Mais malheureusement,
personne n'a demandé de messes pour lui, personne n'a dit
une seule messe pour qu'il soit promptement délivré
du purgatoire, s'il a dû y aller.
Jésus : Qu'il y ait eu ou non des messes
célébrées pour lui, tu n'as pas à
t'en occuper. En ce moment, il n'y a qu'une chose dont il convient
de t'occuper, c'est d'aller [651] te reposer. Tu es fatigué,
repose-toi, n'est-ce pas ? Je te donne un baiser.
[685]
Jésus : Cependant, petit frère,
sache bien ceci : tout ce que je demande aux hommes c'est d'avoir
les vertus de douceur et d'humilité intérieures,
sans les obliger à avoir extérieurement un tempérament
doux et humble. Comme je viens de te le dire plus haut, la douceur
de caractère et la vertu de douceur sont deux choses bien
différentes. La vertu de douceur va donc de pair avec la
vertu d'humilité.
Si on manque d'humilité, on manque aussi de douceur ; et
sans la douceur, il n'y a pas d'humilité. Par là
on peut connaître que si quelqu'un possède la véritable
humilité, il possède également la vraie douceur.
Pas besoin de regarder la physionomie extérieure pour savoir
si tel ou tel individu possède la vraie douceur. Il peut
arriver une fois ou l'autre que les deux coïncident, mais
une physionomie extérieurement douce n'est que le signe
de la douceur de caractère, et non de la vraie vertu de
douceur. Jamais ton Père ne juge par l'extérieur,
il ne juge que par l'intérieur.
[689-691]
Jésus : Aujourd'hui, tu m'as interrogé
sur la pauvreté dont je parle dans l'Évangile, n'est-ce
pas ? Bien, je vais t'expliquer cela. Écoute. En m'adressant
au jeune homme, pourquoi ne lui ai-je pas dit d'abandonner toutes
ses richesses et de me suivre ensuite ? Ce n'est vraiment pas
cela que je lui ai dit. Voici ce que je lui ai dit : « Va,
vends tes champs, ta maison et tous tes biens, donne tout en aumône
aux pauvres, après, viens et suis-moi. »
Petit frère, il faut que tu comprennes que, pour les âmes,
ces paroles [690] ne désignent pas tous les biens matériels,
mais uniquement les biens spirituels. Par ces paroles, j'ai l'intention
de dire aux âmes que si elles veulent me suivre et être
vraiment pauvres de cœur, elles doivent consentir à
se servir de toutes leurs bonnes oeuvres, et de la part d'héritage
que je leur ai réservée, pour les offrir à
la Trinité, afin que la Trinité les distribue aux
âmes pauvres et misérables. C'est à cette
condition qu'elles pourront me suivre.
Petit frère, il faut que tu te rappelles ce texte, n'est-ce
pas ? Dans l'Evangile, je ne dis pas : "donnez aux pauvres"
je dis seulement : "vendez" et par ce mot "vendez",
j'ai l'intention de dire qu'il faut tout offrir à la Trinité,
et après avoir tout offert, consentir à tout donner
en aumônes aux âmes, sans rien se réserver.
Si une âme avait l'intention de se réserver quelque
chose, il est certain qu'elle ne pourrait pas me suivre, car tôt
ou tard, l'orgueil naîtrait dans son cœur à
la vue de ses bonnes oeuvres qu'elle n'aurait pas données
entièrement aux âmes. Si, au contraire, elle a tout
donné, il ne lui reste plus rien dont elle puisse s'enorgueillir.
C'est à cette condition qu'on arrive à se reconnaître
vraiment pauvre de cœur, et qu'on accepte avec joie les grâces
nécessaires venant de ma main. Car le vrai pauvre ne se
plaint jamais de la nourriture qu'on lui donne en aumône...
Après ce que je viens de dire, est-ce que tu comprends
suffisamment ? Ce matin, tu ne cessais de faire telle et telle
supposition, ne sachant pas à quoi t'en tenir. Petit frère,
ces paroles que j'ai adressées au jeune homme, je les ai
adressées aussi, dans un sens spirituel, à toutes
les âmes.
Marcel : Petit Jésus, alors pourquoi le
jeune homme n'a-t-il pas été content des paroles
que [691] tu lui as adressées ?
Jésus : Petit frère, il n'y a à
cela rien d'étonnant ; en effet, parce que ce jeune homme
n'avait pas une foi assez ferme, il a trouvé mes paroles
étranges et comme impossibles à mettre en pratique...
Vois, Marcel, s'il est déjà si difficile de se dépouiller
des biens terrestres, combien plus difficile encore, pour l'homme
qui a la foi de se dépouiller des vrais biens célestes.
Je n'ai pas l'intention de dire qu'il faille les abandonner en
réalité, mais uniquement qu'il faut les donner en
aumône. "Donner", ce n'est pas "abandonner"
; et si on abandonne des biens, c'est qu'ils ne sont pas vraiment
bons... Quand donc les hommes comprendront-ils cette véritable
vertu de pauvreté ? L'heure est passée, petit frère,
cela suffit. Va dormir.
[694]
Jésus : Oui, c'est vrai. Aussi, je te
donne un baiser. Je t'aime beaucoup. Tout le jour, je te couvre
de baisers et je te serre dans mes bras en présence de
tout le monde et absolument personne ne s'en aperçoit,
car tu es enveloppé de la vraie sagesse... L'heure est
passée.
[696]
Thérèse : Marcel, mon cher petit
frère, ne te trouble pas. Je pense toujours à la
France et je m'occupe d'elle plus que toi. Reste en paix. Ecoute,
je vais te dicter une prière que tu réciteras avec
moi pendant tout le mois de juin.
« Ô Jésus, daigne agréer la confiance
de la France, et faire que cette confiance s'appuie avant tout
sur toi-même. »
A Marie : « Ô Mère, apprends à la France
à vivre selon la sagesse de l'Amour de Jésus. »
[702]
Marcel : Petit Jésus, daigne mettre ma
volonté dans l'âme des enfants du monde entier qui
n'ont pas encore été baptisés. Dans cette
volonté, je veux poser les actes de foi, d'espérance
et d'amour, selon l'intention de la Sainte Eglise. Et si ces enfants
meurent avant l'usage de la raison, daigne les accueillir comme
étant les enfants particuliers de la Sainte Eglise.
Le 11 août 1946, après la communion, Marcel s'est
souvenu de la première formule employée, et il l'a
transcrite comme suit :
Marcel : La formule que j'ai récitée
la première fois était :
Petit Jésus, je t'offre les enfants qui n'ont pas encore
été baptisés. Je veux croire et t'aimer à
leur place selon l'intention de la Sainte Eglise, ma Mère.
Daigne les reconnaître comme véritables enfants de
la Sainte Eglise. Et s'ils viennent à mourir avant l'usage
de la raison, conduis-les au Ciel avec toi, afin qu'en union avec
les saints, ils puissent t'aimer éternellement, selon la
promesse que tu m'as faite.
[720]
Marcel : …en m'appelant ton épouse,
et en me permettant de t'appeler l'Epoux de mon âme, certes,
tu dois aussi faire en sorte que nous ayons tous les deux un amour
égal ; c'est à cette condition qu'il nous sera possible
de nous aimer l'un l'autre. N'est-ce pas, petit Jésus ?
Ainsi donc, ton Amour infini est également mon Amour infini.
Vu que tous les deux nous ne faisons plus qu'un, il n'y a aussi
qu'un seul amour qui nous lie tous les deux ensemble.
[721]
Marcel : …quand l'âme aimante prend
son amour pour l'unir à ton Amour, elle devient comme ton
épouse pour l'éternité.
[729-731] septembre 1946
Marcel : La seule crainte des gens du monde,
c'est de perdre leurs biens ; leur seule préoccupation,
c'est de n'avoir plus la liberté de se livrer aux jouissances
[730] corporelles. Quant à ceux qui depuis longtemps sont
victimes de leurs mauvaises habitudes, ils ne veulent dépendre
de personne ; ils ne veulent pas qu'on les dérange en s'occupant
d'eux ; ils ne veulent pas de la vérité qui les
arracherait à leurs habitudes vicieuses. De là qu'ils
laissent leur corps se livrer sans frein au libertinage. Et ensuite
ils ne savent qu'ouvrir la bouche toute grande pour hurler sans
cesse :
Gens du monde : Nous sommes décidés
de lutter...
Marcel : Hélas ! Si une bonne fois ils
se décidaient à lutter contre leurs mauvaises tendances,
comme ils seraient heureux ! Ô Mère, c'est bien malheureux.
Ces gens parlent ainsi sans savoir rougir. Ils ne savent pas encore
lutter ; ils n'ont même pas la force de lutter contre leur
misérable corps, et ils ont l'audace de dire :
Gens du monde : Nous sommes décidés
de lutter contre les hommes.
Marcel : En parlant ainsi, je ne sais vraiment
pas s'ils savent ce qu'ils disent. Si on leur demandait quelle
est leur intention en parlant de la sorte, ils répondraient
sans doute, très clairement ; mais si on leur demandait
s'ils comprennent ce qu'ils disent, ils seraient évidemment
incapables de répondre conformément à la
vérité.
Ô Marie, ma Mère, daigne arracher ces âmes
aux ténèbres de l'enfer, n'est-ce pas ? Je vais
prier pour elles, d'une façon toute particulière,
surtout les jours où je dois prier pour la France et pour
le Vietnam, ma chère patrie.
Je sais aussi, ô Mère qu'un certain nombre de Vietnamiens
gardent dans leur cœur une haine personnelle contre les Français,
parce qu'ils ont été autrefois durement opprimés
par eux. Cependant, si ces gens-là savaient respecter la
vérité et entendre raison, on pourrait quand même
les amener à déposer leur haine. S'ils pouvaient
comprendre la différence entre la France d'autrefois et
celle d'aujourd'hui, il est certain qu'ils ne garderaient pas
plus longtemps ces sentiments de haine. [731] Moi-même,
je sais bien ce qu'étaient autrefois les Français
d'Indochine ; j'ai pu voir en passant la manière dont ils
traitaient les Vietnamiens... Mais je sais aussi que maintenant,
la France a déjà attiré sur elle la miséricorde
de Jésus. Jésus s'est servi de la souffrance pour
corriger son pays de France, de sorte qu'actuellement, ce pays
est non seulement le pays de France, mais encore le pays que Jésus
chérit d'une façon particulière. N'est-ce
pas, ô Mère, je comprends maintenant...
Je vais prier pour que la France et le Vietnam soient unis de
façon à ne former plus qu'un ensemble. Même
quand je serai au ciel, je ne cesserai de rappeler cette affaire
au petit Jésus afin que sa volonté se réalise...
[757]
Marcel : L'Esprit-Saint est à la fois
infiniment rusé et infiniment simple, et c'est pour cette
raison qu'on l'appelle la Sagesse infinie. De là qu'une
âme en qui habite l'Esprit-Saint peut très difficilement
être trompée par le démon, car la Sagesse
infinie fera connaître à cette âme la fourberie
du démon.
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