[244]
Marcel : Ce soir-là, durant la méditation,
je me sentais envahi par le dégoût ; ma sœur
Thérèse ne me parlait plus, et le petit Jésus
dormait. Je me tournai donc vers ma Mère Marie pour m'entretenir
avec elle. Je lui avais dit à peine quelques phrases, quand
je l'aperçus, se tenant à ma droite, et entièrement
vêtue de blanc. Son vêtement intérieur était
une longue robe blanche avec ceinture étroite de même
couleur. Par-dessus, elle portait un manteau très ample,
presque aussi long que sa robe ; elle avait la tête couverte
d'un voile blanc qui descendait de chaque côté des
épaules, et ce voile était retenu par un bandeau
également blanc. Sous cet extérieur simple, la Sainte
Vierge était très belle. Son visage était
presque semblable à celui de Jésus, mais un peu
moins joufflu (le petit Jésus était plus gras qu'elle).
A ce moment-là, je me voyais moi-même avec la petite
taille des fois précédentes... Ma Mère Marie
s'est penchée vers moi, elle m'a regardé en souriant,
puis fixant son regard sur moi, elle a d'abord fait disparaître
entièrement ma tristesse. Me trouvant à la gauche
de la Sainte Vierge, de sa main droite, elle tenait ma main droite,
pendant que moi, je regardais toujours l'Enfant-Jésus dans
la crèche. Marie m'adressa la parole en ces termes :
Marie : Petit Marcel, veux-tu voir le paradis,
le petit Jésus et aussi ta sœur Thérèse
?
Marcel : Ô Mère, je ne l'ose pas,
mais je suis prêt à suivre ta volonté.
Marie : Ô mon enfant, veux-tu le bonheur
que je t'ai promis ? (Je ne répondis pas). Cependant, mon
enfant, tu dois encore souffrir avant que je te donne ce bonheur.
Marcel : Pendant le Salve Regina... Marie me
donna un baiser, puis m'attirant près d'elle, elle m'enveloppa
dans son manteau en disant :
Marie : Malgré les souffrances, tu resteras
toujours abrité sous mon manteau, en compagnie du petit
Jésus. Tu n'as rien à craindre. C'est aussi mon
manteau qui recueillera tes larmes.
Marcel : Je ne voyais plus alors que mes deux
pieds qui sortaient de dessous le manteau. Et pendant l'Angélus,
je ne vis plus rien.
[251-252]
Marie : Ô mon petit Marcel, voici une chose
que je te recommande et que tu devras mettre en pratique demain.
Je fais aussi la même recommandation à ton directeur.
Demain, premier samedi du mois, jour qui m'est consacré,
je ne te demande pas de faire des choses extraordinaires ; je
te demande seulement d'offrir toutes tes oeuvres de demain à
l'intention de tous mes petits apôtres, - ceux-là
qui, [251] selon la parole de Jésus, doivent plus tard
établir mon règne sur terre - afin que remplis de
zèle et de courage, ils puissent tenir tête au monde
et à l'enfer. Mon règne arrivera après celui
de l’amour de Jésus ; et ce règne sera plus
ou moins stable, ici-bas, selon qu'il y aura plus ou moins de
prières. Si l'on prie peu, il durera peu de temps ; mais
plus on priera, plus aussi mon règne sera solide et de
longue durée. Vu que mon règne viendra après
le règne de l'amour de Jésus, il ne sera que le
signe qui révélera clairement aux hommes le règne
de l'amour de Jésus, et amènera le monde à
reconnaître d'une façon évidente que je suis
vraiment Mère.
Mon enfant, prie, communie, sacrifie-toi pour ceux qui seront
plus tard mes apôtres, n'est-ce pas ?
Petit Marcel, ne sais-tu pas que plus tard, dans le ciel, tu auras
une mission semblable à celle de ta sœur Thérèse
? Tu seras comme une seconde Thérèse de l’Enfant-Jésus.
La première t'a enseigné la manière d'entrer
en relation avec l'amour de Jésus ; quant à la seconde,
elle devra enseigner aux âmes la manière d'entrer
en relation avec moi et de répandre mon règne dans
le monde. Cependant, tu seras déjà dans le ciel,
à [252] ce moment-là, de sorte que, ton rôle
à toi, mon enfant, ne consistera pas à être
l'apôtre de mon règne, mais bien à venir en
aide aux apôtres de ce règne. Voilà la mission
que je veux te confier plus tard. Cependant, tu restes toujours
le petit apôtre de l'amour de Jésus. Marcel, mon
enfant, je te répète encore ma recommandation, n'est-ce
pas ? Tous les premiers samedis du mois, offre tes actions aux
intentions que je viens de te recommander, et prie beaucoup, comme
je te l'ai demandé.
[256]
Marie : Offre aussi au petit Jésus tes
respirations comme autant d’actes d’amour ; demande-lui
de donner à mes futurs apôtres un cœur rempli
de courage et de zèle car c’est son intention de
me glorifier sur cette terre, et c’est dans ce but qu’il
veut établir mon règne après l’avènement
du règne de son amour.
[259]
Marie : (…)Jésus veut rétablir
en ce monde le règne de son amour ; c’est par le
lien de l’amour qu’il veut ramener l’unité
dans le monde ; faire du monde un royaume qui lui appartienne
en propre. Le règne de son amour deviendra comme une colonne
de feu qui soutiendra le monde sur le point d’être
détruit. Petit Marcel, mon enfant, c’est par compassion
pour le monde que Jésus veut le soutenir du feu de son
amour. Et si le monde revient à la vie, c’est à
cette flamme d’amour qu’il le devra... Ô mon
petit enfant, le monde pourra vivre dans cette flamme d’amour
; il deviendra comme un globe de feu dans le foyer de l’amour
de Jésus ; et tout sur cette terre évoluera dans
le rayonnement de l’amour...
[263-266]
Marie : Mon petit Marcel, si je te manifeste
ces choses, c'est dans l'unique intention de t'exhorter à
la prière. Prie, mon enfant, car la prière est une
chose de toute première nécessité ; je veux
que tu t'y appliques dès maintenant, surtout les premiers
samedis du mois. Dis bien à tout le monde que c'est sur
le solide fondement de la prière que s'établira
mon règne en ce monde. Si on prie peu, mon règne
sur terre sera peu durable ; par contre, plus on priera, plus
aussi mon règne sera solide et durable. Ô mon enfant,
si mon règne est peu solide en ce monde, le règne
de l'amour de Jésus ne pourra pas non plus être [264]
vraiment solide. Toujours, en effet, le petit Jésus veut
que je me tienne du même côté que lui, pour
témoigner de son véritable amour pour le monde.
Mon enfant, peut-il y avoir pour le monde un bonheur comparable
à celui de posséder une Mère au cœur
rempli de compassion tel que le mien...
Mon enfant, donne-moi le nom de Mère de l'univers, n'est-ce
pas ? Mes enfants, je vous aime plus que moi-même, plus
même que le petit Jésus. En effet, si je n'avais
pas aimé les hommes plus que Jésus, qu'est-ce qui
m'obligeait de vous accepter comme mes enfants, vous, les hommes
pécheurs ? Si je m'étais contentée d'accepter
seulement Jésus comme mon enfant, personne n'aurait pu
m'en faire un reproche ; cependant, par pitié pour vous,
les hommes, je n'ai pas dédaigné de vous accepter
aussi pour mes enfants et c'est avec tout l'amour de Jésus
que je vous ai aimés moi-même. A supposer que Jésus
ne soit pas Dieu, et un Dieu infiniment juste, certainement qu'il
me reprocherait de ne pas l'aimer lui seul, mais de prodiguer
encore tout mon amour aux hommes. Si Jésus, [265] qui est
pourtant le Dieu Jaloux, ne laisse paraître dans ce cas
aucune jalousie, quand donc le fera-t-il ? J'ajoute aussi que
Dieu ne m'a pas obligée non plus à accepter la charge
d'être la Mère des hommes, mais uniquement celle
de coopérer à l’œuvre du salut du monde,
de sorte que si je n'avais pas voulu accepter les hommes comme
mes enfants, je n'aurais manqué en rien, devant Dieu...
Mon cher enfant, si tu ne comprends rien à ce que je dis,
peu importe. Ton rôle à toi, c'est d'écrire
; contente-toi donc d'écrire, et cela suffit...
Dans l'intention de manifester plus clairement sa miséricorde
envers le genre humain, et voulant que je coopère de façon
plus évidente à l’œuvre de la Rédemption
des hommes, Dieu m'a léguée à vous comme
Mère, afin que vous compreniez que son amour pour l'humanité
est vraiment sans limite. J'ai donc accepté d'être
la Mère du monde, pour faire connaître aux hommes
l'amour que Dieu leur porte, de sorte que tout l'amour que je
porte à Jésus, rejoint l'amour que j'ai [266] pour
les hommes, mes enfants... Et si Jésus veut établir
mon règne dans le monde, à la suite du règne
de son amour, c'est également afin que le monde voie clairement
son immense miséricorde envers les hommes.
Mon enfant, tu n'as pas à te troubler, si tu ne comprends
rien à ce que je dis ; Jésus barbu lui, comprend
très bien. De plus, ton rôle à toi, ce n'est
pas de comprendre. Reste joyeux. Aime bien le petit Jésus,
et prie.... beaucoup. Laisse-moi te donner quelques baisers, et
te couvrir de mon manteau avec le petit Jésus... L'heure
est passée. Va te récréer. Je suis vraiment
ta mère, toujours je suis contente de toi...
[267]
Marcel : Ô Mère, je suis bien triste
de t'aimer si peu ; mais je sais que tu me comprends parfaitement...
Mais, ô Mère, j'oubliais une chose. Je t'aime beaucoup
; je t'aime trois fois autant que le petit Jésus, oui,
trois fois autant que lui. Et pour tout dire, je te manifeste
extérieurement plus d'amour que lui. Je suis certain que
Jésus, lorsqu'il était encore petit, restait blotti
sur ton cœur et répétait sans cesse : "Ô
Marie, je t'aime, je t'aime ô Marie". C'est tout ce
qu'il savait dire. Il était bien paresseux, le petit Jésus.
Il dormait tout le jour, il ne savait même pas réciter
le chapelet en ton honneur. Pour moi, je répète
plusieurs fois par jour les même paroles que Jésus,
et en plus, je peux dire au moins cinq dizaines de mon chapelet
pour t'honorer.
[308]
Marcel : Ô Mère, il ne me reste
plus maintenant qu’à attendre. Bien qu’il me
soit vraiment pénible d’être éloigné
du petit Jésus, j’ai quand même pitié
de lui qui doit être encore plus triste que moi. Je ne cesse
donc pas de l’attendre, et quand il sera venu à moi,
il inventera un nouveau jeu... (Jésus joue à cache-cache
avec Van) Mais, Hélas ! Ô Marie ! ! ! Il me faudra
certainement attendre encore longtemps... Toutefois, l’ancre
de mon espérance reste toujours fixée dans l’Amour
de Jésus.
[312]
Jésus : Accepte par obéissance
tous les travaux qui te sont confiés par les supérieurs.
Et après les avoir acceptés, laisse-moi tout faire
à ta place. Il te suffit de les accepter.
[315-316] (Marcel Van est à la veille de ses 18 ans)
Marcel : Ô Marie, ma Mère, je voudrais
te parler, mais je ne sais pas du tout comment m'exprimer. Tout
ce que je peux te dire, en employant une nouvelle manière
de parler, c'est que je change la souffrance en croix. Oui, ô
Mère, les souffrances sont des croix, et les croix sont
des roses. Depuis quelque temps, il me semble que la croix ne
me quitte pas un seul instant ; elle est toujours là à
mes côtés. Que je regarde dans n'importe quelle direction,
je ne vois que des croix, rien que des croix...
Ô Marie, ces croix, je les accepte [316] toutes. Je sais
bien que je possède un talent particulier et qui fait grandement
plaisir à Jésus ; il consiste à recevoir
toutes les croix, et une fois que je les tiens dans ma main, à
les lancer en l'air où elles se changent en roses... Je
sais aussi que depuis toujours, Jésus aime beaucoup les
fleurs ; et quand il voit que j'ai le talent de changer les croix
en roses, il semble qu'il oublie même mes peines et mes
fatigues pour m'envoyer continuellement des croix...
Ô Jésus, cela te console et te réjouit beaucoup,
n'est-ce pas ? Eh bien c'est de tout cœur que je me sacrifie
pour te procurer ce plaisir.
[317]
Marcel : Ô ma Mère, durant ce carême,
j'ai de nouveau reçu une grâce semblable à
celle du carême de l'an passé. Cette grâce,
ô Mère, est-il besoin que je te la dise ? Je sais
que tu la connais déjà ; cependant, il faut que
je te la dise quand même pour te faire plaisir. Cette grâce,
ô Mère, consiste à accepter la souffrance
avec joie, et dans le ferme espoir qu'un jour la souffrance prendra
fin, que l'orage se dissipera, et qu'il me sera donné de
revoir le soleil de l'amour...
[323-324] 17 mars 1946
Marcel : Il m'a été donné
de comprendre une chose qui me console beaucoup ; c'est que plus
tard au ciel, pour exprimer son amour envers les âmes, Dieu
utilisera envers chacune la manière même que cette
âme utilisait pour traiter avec lui sur la terre. Il en
sera de même pour toi, ô Mère. Je suis donc
certain d'être aimé comme un petit enfant, puisque
je ne veux pas traiter Dieu comme mon Seigneur, mais uniquement
[324] comme mon Père ; je ne veux pas lui donner le nom
de Seigneur, mais seulement celui de Père... Plus tard
au ciel, quel bonheur de donner à Dieu l'unique nom de
Père "papa", et à toi, Marie, l'unique
nom de "maman" Mère.
[337]
Marcel : Je sais que ma mission spéciale
est d'apprendre aux âmes à aimer Jésus, et
que je dois exercer cette mission tout particulièrement
auprès des âmes d'enfants. Quant aux âmes qui
imitent les vertus de [337] l'enfance, elles auront d'autres apôtres.
Toutefois, ce n'est qu'au ciel que je pourrai remplir ma mission.
[344]
Marcel : Et parmi les privilégiés
de Jésus, personne n'a eu la faveur d'être pressé
sur son cœur et de recevoir ces marques d'amour, si ce n'est
les enfants. Ô Mère, nous sommes vraiment très
privilégiés, nous, les enfants...
[346-347]
Marcel : Oui, mon cœur, tout comme le cœur
de ces enfants, est toujours joyeux. Cependant, mon désir
le plus ardent, c'est qu'il y ait quelqu'un pour leur apprendre
à aimer Jésus... (pour imprimer dans leur cœur
le sceau de l'Amour de Jésus). Ô Marie, daigne faire
ce travail à ma place. Je sais que ma mission spéciale
est d’apprendre aux âmes à aimer Jésus,
et que je dois exercer cette mission tout particulièrement
auprès des âmes d'enfants…
Ô Marie, ma mission [347] à moi, c'est d'être
l'apôtre des âmes, et apôtre particulier des
enfants. Si la chose était possible, je désirerais
sortir de cette chambre pour aller prêcher aux enfants ;
mais ma modeste condition de Frère dans la Congrégation
du Très Saint Rédempteur ne me permet pas de remplir
immédiatement cette mission. Ce n'est que plus tard au
ciel que je pourrai la remplir parfaitement. L'heure est passée.
Ô Mère, daigne me bénir, car mon âme
est en tout semblable à celles des petits enfants du monde
entier. Permets que j'aille me reposer en paix entre tes bras...
[354-355]
Marcel : Oui, nous nous aimons beaucoup, mais
notre amour reste très secret ; ce n'est probablement qu'au
ciel, que notre amour mutuel pourra se manifester extérieurement.
Ah ! petit Jésus, je t'aime ; daigne porter ton attention
sur les enfants, n'est-ce pas ? Tu leur as déjà
promis le royaume des cieux. Or je vois clairement que tu dis
dans l'Evangile : « Le royaume des cieux appartient aux
enfants.» Mais tu n'as alors rien ajouté pour leur
apprendre ce qu'ils doivent faire pour [355] obtenir ce royaume...
Par là, tu laisses entendre clairement que tu n'obliges
les enfants à rien de particulier, que c'est uniquement
par amour et en vertu de tes mérites que tu leur procures
le royaume des cieux...
Cependant, ô Jésus, il faut apprendre aux enfants
à t'aimer, afin de leur faire connaître le royaume
des cieux. Car s'ils ne t'aiment pas, ils ne sauront pas ce qu'est
le royaume des cieux...
[364-367]
Marcel : Petit Jésus, il y a longtemps
que je veux te poser une question. Tu voudras bien me répondre,
n'est-ce pas ? Les gens disent que durant ton enfance, tu n'as
jamais ri ni pleuré, que tu restais tranquille là
où la Sainte Vierge voulait bien te déposer, et
cela, même lorsque tu avais faim... Est-ce bien vrai ?
Jésus : Marcel, ta question me semble
trahir un certain trouble. A cause de ton caractère enfantin,
il semble que tu n'aimes pas me voir tel que me supposent les
gens. Cependant, [365] je vais te répondre clairement.
Sois calme, et continue à écrire, tout en écoutant.
Avant tout, petit Marcel, il faut que tu comprennes que, selon
ma Nature Divine, je suis la seconde personne de la Trinité,
et que par conséquent je ne fais qu'un avec le Père
et l'Esprit-Saint. Cependant, en tant qu'homme, j'avais en moi
les faiblesses de l'enfance. Et à supposer que même
extérieurement je n'eusse fait qu'un avec le Père
et le Saint Esprit, je n'aurais eu besoin ni de manger ni de dormir...
etc. Par conséquent, à partir du moment où
j'ai pris la nature humaine dans le sein de Marie, j'ai également
pris sur moi les faiblesses de l'humanité. Par là,
tu dois comprendre, petit Marcel, que la faiblesse de l'enfance
a été aussi la mienne, avec cette seule différence
que je n'avais pas de défaut comme tu en as. Je n'étais
ni gourmand, ni turbulent comme toi. Il m'est arrivé de
pleurer, mais quand Marie me consolait, je comprenais immédiatement...
De plus, si un enfant ne riait jamais, il ferait perdre la joie
à sa famille. Si donc, au milieu de la Sainte Famille,
j'avais toujours gardé un visage sérieux, sans jamais
rire, il est certain que Marie n'aurait pas osé m'appeler
son enfant ; alors le mystère de l'Incarnation aurait été
dévoilé, et la Sainte Vierge n'aurait même
plus osé me choyer librement comme elle le voulait...
En ce temps-là, j'agissais en tout comme les autres enfants.
Quand des parents en visite [366] me donnaient des gâteaux,
je les acceptais avec joie et les mangeais tout bonnement. Je
pensais aussi alors aux gerbes de fleurs odorantes qui me seraient
offertes plus tard par toi, petit Marcel, et par les autres âmes
; et cette pensée me rendait d'autant plus joyeux, me faisant
oublier même les souffrances que j'endurais à cause
des péchés des hommes... Oh ! petit Marcel, c'était
aussi par amour pour toi ; et dis bien aux âmes des enfants,
pour qu'elles le sachent : j'ai passé moi aussi comme elles
par l'état d'enfance...
Ensuite, petit Marcel, quand les enfants du village venaient pour
jouer, je m'amusais de bon cœur avec eux, et je profitais
de l'occasion pour leur faire mieux connaître le royaume
des cieux. Ces enfants étaient aussi très contents
de moi ; cependant, jamais je n'allais jouer loin de Marie ; toujours
je restais près d'elle. A cet âge-là, Marie
ne manquait pas non plus de me choyer, et moi je me conduisais
comme les autres enfants. Marie me donnait toujours le nom d'enfant,
mais dans son cœur, elle vivait continuellement unie à
moi... Après la mort de saint Joseph, je m'entretenais
souvent avec elle des souffrances que j'aurais à endurer
plus tard... Alors, Marie pleurait beaucoup, et moi je pleurais
aussi [367] avec elle...
Assez, petit Marcel, tu es déjà trop fatigué
; va te reposer. Tu écriras une autre fois. Si tu te fatigues
trop, Jésus barbu ne sera certainement pas content.
[377-379]
Jésus : Marcel, écoute-moi te parler.
Je t'aime beaucoup. J’ai une prédilection spéciale
pour les enfants ; je suis heureux d'être leur ami. S'ils
veulent me chercher, c'est très facile ; ils n'ont qu'à
examiner leur propre manière d'agir, et ils me trouveront
aussitôt en eux. J'ai déjà promis aux enfants
le royaume des cieux ; et cette promesse ne les oblige à
absolument rien. Si je les avais obligés à jeûner,
à se donner la discipline, à se mortifier etc. comment
les nouveau-nés qui meurent immédiatement après
le baptême pourraient-ils aller au ciel ?... Marcel, l’Amour
miséricordieux a réservé aux enfants une
part magnifique. Ils n'ont rien autre chose à faire que
de l'accepter.
Cependant, Marcel, ne manque pas de prier beaucoup pour que les
enfants puissent comprendre mon Amour et se livrer à lui
tout entier. Le monde tue l'âme des enfants sous mes propres
yeux, et moi, que puis-je faire ? Ces âmes d'enfants m'appartiennent
parfaitement, et pourtant le monde [378] me les ravit pour en
faire la proie du démon... Devant mes yeux, les enfants
sont pour moi un divertissement, le seul divertissement capable
de me consoler, et de m'amener ainsi à étreindre
volontiers le monde dans mes bras. Pourtant, le monde veut inoculer
dans le cœur des enfants le venin du péché...
Hélas ! mes petits frères, ne savez-vous pas que
votre petit Jésus n'a soif que de vous ? Allons, petits
frères, laissez-moi donc toute liberté d'entrer
en relation avec vos âmes, selon mon désir. Sans
moi, comment pourriez-vous être joyeux ?...
Ô mes chers petits frères, je vous ai appelés
et attendus avec impatience dès le premier instant de ma
conception dans le sein de Marie. Parce que je vous aime, j'ai
vécu votre vie d'enfant, j'ai compris votre condition d'enfant.
Oh ! mes chers petits frères, venez à moi... Si
jamais le cœur d'un père n'est triste à cause
de ses petits enfants, si jamais un frère aîné
n'a le cœur d'abandonner ses petits frères, si jamais
un petit ami ne désire s'éloigner de son tout petit
ami, il en est de même pour moi, ô mes petits frères.
Et non content de cela, je fais encore bien davantage, et à
un tel point que seul l'Amour est capable de comprendre la compassion
que j'éprouve pour vos toutes petites âmes. [379]
Petits frères, venez avec moi... venez avec moi sur le
cœur de Marie...
Marcel, as-tu bien compris ? Il faut arracher les enfants aux
ténèbres du monde... Oh ! monde, malheur à
toi ! Si tu n'avais pas les enfants pour donner asile à
la tendresse du cœur de Dieu, tu serais anéanti sous
le poids de la justice divine...
Marcel, fais connaître aux enfants le royaume des cieux
; c'est là précisément l'héritage
qui leur a été promis... Le royaume des cieux appartient
aux enfants ; bienheureux sont-ils de recevoir cet héritage
les mains vides. Cependant, il est nécessaire de leur faire
connaître leur héritage, car s'ils ne le connaissent
pas, il est certain qu'ils ne le posséderont pas. Oui,
Marcel, il faut le leur faire connaître, il faut le leur
faire connaître, puisque c'est là leur véritable
richesse ; il faut leur apprendre à accepter l'héritage
qui leur appartient...
[387-388]
Jésus : Les soupirs d'amour que les âmes
font monter vers moi sont capables d'arrêter les pierres
énormes qui sont lancées contre mon Amour ; ces
soupirs détournent les traits des pécheurs qui me
visent au cœur... Oh ! Marcel, les faibles soupirs des hommes
m'empêchent de mourir asphyxié sur cette terre. D'où
leur vient une telle puissance ? De l'amour qu'ils contiennent.
Quel bonheur pour moi de pouvoir prendre mes ébats au milieu
de ces soupirs ! Je m'y sens très à l'aise et tout
à fait en paix, ne craignant plus d'être vu de mes
ennemis, ni transpercé de leurs traits...
Hélas ! petit Marcel, ils sont encore bien rares sur cette
terre, les endroits où je puisse me reposer. Aujourd'hui,
petit Marcel, il faut que tu pries pour l'expansion du règne
de mon Amour dans le monde ; il faut que tu y apportes une attention
toute spéciale, n'est-ce pas ? Les vacances d'été
approchent, je veux avoir plusieurs villas bien aérées
pour aller m'y reposer. Par conséquent, Marcel, cherche-moi
un grand nombre de ces villas, n'est-ce pas ? Et nous pourrons
en jouir tous les deux ; tu n'as donc rien à y perdre...
Cependant, Marcel, notre villa principale, c'est le cœur
même de Marie où nous trouvons toutes les [388] consolations
; toutefois, il nous faut encore plusieurs autres maisons, afin
de nous reposer davantage.
Marcel : Mais, petit Jésus, est-ce que
l'expansion du règne de l'Amour est déjà
commencée dans le monde ?
Jésus : Oui, déjà. Mais
le point de départ de cette expansion est en France même.
Et c'est ta sœur Thérèse en personne qui est
l'Apôtre universelle des autres apôtres de mon Amour.
Oui, c'est de là qu'est partie l'expansion du règne
de mon Amour qui se continue présentement. Et toi, Marcel,
en écrivant mes paroles, tu travailles aussi à cette
oeuvre, comme je te l'ai dit auparavant.
Il y a encore beaucoup d'autres apôtres que tu ne connais
pas, et qui eux aussi travaillent dans un grand secret, se succédant
continuellement pour répandre le règne de mon Amour
dans le monde.
[417]
Jésus : Plus tu es faible, plus tu es
aimé de moi, et encore, mon Amour est toujours, toujours
plus grand que ta faiblesse.
|