Sa
vie
Joachim
Nguyen Tan Van naît le 15 mars 1928 à Ngam Giao, petit
village situé entre Hanoï et Haïphong dans le nord
du Vietnam. Sa mère, chrétienne, lui apprend très
tôt à réciter des prières. L’enfance
de Van est heureuse : « Autour de moi, tout respirait la joie,
tout reflétait la beauté, surtout dans ma famille.
Comment décrire toutes les douceurs de mon enfance et tout
l’amour de mes parents ? »
A 4
ans il montre un intérêt peu commun pour la vie des
Saints qu’on lui raconte, et le désir de les imiter. A 6
ans, c’est habité d’un grand désir de rencontre avec
le Seigneur, qu’il prépare sa première communion :
« L’heure a sonné, la minute tant désirée
est arrivée. Je m’avance vers la table sainte, l’âme
débordante de joie. Je ne manque pas de rappeler sans cesse
à Jésus de venir à moi sous la forme d’un tout
petit enfant. Je tiens bien serré dans ma main le cierge
allumé, symbole du feu de l’amour qui brûle en mon
âme. »
Il a
7 ans et comme il ne supporte pas la terreur que le maître
fait régner dans l’école du village, sa mère
a l’idée de le confier à l’abbé Joseph Nha,
curé de Huu Bang, qui accueille des jeunes vietnamiens à
son presbytère. Les jeunes aident le curé dans son
quotidien, s’initient plus profondément à la vie religieuse
tout en poursuivant leurs études. Van passera là 5
années fort sombres de sa vie : frappé, humilié,
violenté par le surveillant et quelques catéchistes
du presbytère. Il souffre en silence, ne tirant sa force
que de sa prière, notamment sa prière à Marie
: « Toutes les grâces que Dieu m’a accordées
sont passées par ses mains maternelles. De plus, tous les
bons sentiments et les belles pensées que j’ai fait monter
vers le ciel, c’est encore Elle qui les a fait naître doucement
dans mon cœur… Le cœur de Marie est vraiment un livre où
s’est inscrit clairement la vie de chacun de ses enfants. »
Puis
Van est admis, début 1942, au petit séminaire de Lang-Son.
Van a 14 ans, il se prépare à devenir prêtre
et est toujours poursuivi par le désir de la Sainteté,
mais rejette cette idée comme une tentation, une ambition
orgueilleuse, et demande l’aide de la Sainte Vierge : « O
Mère chérie, je vous supplie de me donner un signe
qui me permette de comprendre si la pensée qui torture mon
cœur vient de Dieu ou du Démon » Celle-ci l’éclaire
en l’invitant à lire « Histoire d’une âme »,
autobiographie de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
La plus belle et la plus consolante étape de son itinéraire
spirituel s’ouvre. Il trouve en Sainte Thérèse une
sœur spirituelle qui partage ses désirs : Aimer Dieu de tout
son cœur, de toutes ses forces avec la simplicité, l’audace
et la confiance d’un enfant : « J’ai compris que Dieu est
Amour et que l’Amour s’accommode de toutes les formes de l’amour.
Je puis donc me sanctifier au moyen de mes petites actions… Un sourire,
une parole, un regard, pourvu que tout soit fait par amour. »
Sainte Thérèse l’accompagne dans son quotidien au
Séminaire. Il l’entend parler et a de longs colloques avec
elle. C’est elle qui lui révèle, à l’automne
1942, qu’il ne sera pas prêtre, mais que Dieu le veut religieux,
« Apôtre caché de l’Amour. »
En juin
1943, alors que la guerre rend la vie difficile au Séminaire
(froid, faim, mauvaise hygiène), Van lutte pour obtenir pour
lui et ses congénères des conditions de vie décentes.
Son attitude n’est pas tolérée, Van est chassé
du Séminaire.
En août
1943, répondant à la révélation de Sainte
Thérèse, il demande à entrer chez les Rédemptoristes.
Après avoir essuyé plusieurs refus, du fait de sa
mauvaise santé, il est finalement admis comme postulant frère,
le 17 octobre 1944. Il devient Frère Marcel Van. Il est maintenant
dans sa vocation, celle que Dieu a choisi pour lui : « M’étant
mis à l’école du Rédempteur, mon seul désir
était de mener une vie semblable à la Sienne […] Seule
cette ressemblance est capable de satisfaire l’amour et de créer
l’unité. » Van cherche à se modeler sur Jésus,
mais aussi à le découvrir en ses frères : «
C’est merveilleux, Jésus répartit ses vertus sur plusieurs.
Aussi, il ne faut pas se contenter de lire l’Evangile pour apprendre
le secret de la sainteté ; il faut encore savoir lire les
Evangiles vivants que Dieu a placé autour de nous et que
sont nos frères ! »
Sur
fond de guérilla entre la France et les Viet Minh communistes,
Van prend l’habit des Rédemptoristes le 8 septembre 1945.
On le nomme Frère Marcel. Pendant son année de noviciat,
Frère Marcel va vivre des dialogues intimes avec le Seigneur
: « Van un seul regard de ta faiblesse suffit à charmer
Mon Amour et à attirer Mon Cœur jusqu’à toi. Laisse
à Mon Cœur toute liberté de se manifester à
toi. » « Je t’ai choisi pour être la mère
des âmes ; or c’est à force de souffrances que la mère
parvient à faire de ses enfants des personnes de valeur.
» A la demande du Père Antonio Boucher qui avait sa
tutelle, il commence à mettre par écrit les grâces
reçues depuis son enfance.
Le 8
septembre 1946, Van prononce ses premiers vœux. Il est envoyé
en février 1950 dans le monastère de Saïgon,
puis celui de Dalat où il prononce ses vœux perpétuels.
Il retournera selon le désir de Dieu, à Hanoï
en 1954. Les Viet Minh communistes tiennent le Nord du Vietnam et
Frère Van vivra là en résidence surveillée
avec trois autres pères jusqu’à son arrestation en
1955. Il est déporté dans des camps. Malgré
la faiblesse physique et la peine morale, il y mène une vie
tournée vers les autres : « En dehors des heures de
travail obligatoire, je dois continuellement accueillir les gens
qui viennent les uns après les autres chercher du réconfort
auprès de moi… Je suis heureux, car durant ces mois de détention,
ma vie spirituelle n’a subi aucun préjudice, et Dieu lui-même
m’a fait savoir que j’accomplis ici sa volonté. »
Jugé
irrécupérable, Van est mis à l’isolement dans
un cachot. Fin juin1959, atteint de tuberculose et de béribéri,
il est sorti de son cachot et placé dans une salle commune
où il agonisera jusqu’au 10 juillet. Il meurt à 31
ans et 4 mois entouré de catholiques : « En donnant
mon cœur à Jésus, Jésus me laisse la liberté
d’embrasser en mon cœur toutes les personnes, toutes les âmes
que j’aime. Je ne veux pas vivre seul dans l’amour de Jésus
; mon seul désir c’est que beaucoup d’autres âmes mènent
la même vie que moi, afin que l’Amour infini de Jésus
soit satisfait. »
Bibliographie
extraite de :
Magnificat, avril-mai 2000 Vol XXXV, N°s 4-5, Ed. Magnificat
« L’amour me connaît - Ecrits spirituels de Marcel Van
», Ed. Fayard Le Sarment
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